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1 :: 19:55 :: 17/02/09 :: copainsdac
Je me souviens!....

De cette boucherie Ferrand et des marchands ambulants.



Il y avait ces longs jours d'Automne, ils nous semblaient interminables car la pluie tombait sans cesse, la grisaille comme un rideau, le ciel trop bas et si épais qu'il semblait vouloir nous étouffer, la terre devenait amoureuse et nous collait aux galoches, même les cœurs se languissaient et tout devenait triste.


Nos anciens savaient que si la pluie tombait les jours de lune, il y en avait pour un bout de temps, et ne se laissaient pas détourner dans leur humeur, leur âge avancé, les avait armé de patience.

Mais les plus ennuyés c'étaient bien ces petits écoliers qui venaient de tous ces petits villages, hameau, lieux dit, et qui comme des petites fourmis partaient de leur fermes et marchaient sous cette pluie vers Naucelle où ils allaient à l'école, et ce, pour de nombreux, quatre fois par jour, nous en faisions partis.




Nos cartables de cuir pendus au bras, ou accrochés sur le dos, et nos galoches, cirées, reluisantes pour peu de temps, et, malgré la haute semelle de bois qui éloignait le pied du sol, l'eau , celle qui tombait parfois en force du ciel pour aller rejoindre celle déjà en flaques, ou ruissellements au sol, ne tardait pas à détremper ce cuir, et les chaussettes épaisses, et ce "floch…floch….floch" à chaque pas, devenu inoubliable, nous suivait lancinant, je ne supportais pas. Mais après des jours et des jours, l'esprit révolté se relâchait et j'étais résignée.

Nous n'y pouvions rien, que changer nos chaussettes à chaque retour, mais il fallait bien repartir et remettre cela.

Mais maman, un jour, après ma broncho-pneumonie, a pensé à une sorte de solution à ces jours de "déluges".

Nous avions à Naucelle, de nombreuses boucheries, comme de nombreux cafés, enfin une aussi petite ville, ne manquait pas de commerces, et par là de vie, c'était quelque chose, quand on y songe,

Maman nous demandait d'aller un peu à toutes les épiceries, boulangeries, mais pas boucherie.

Heureusement, quelques boulangers ou épiciers passaient dans les villages, c'était bien pratique et surtout, un soulagement pour nous qui devions porter les quelques courses, à pied. Je me souviens des épiciers ambulants, Messieurs Issanchou père et ensuite fils et même son épouse Paulette, où Messieurs et Madame Robert, et là, encore, son épouse Mado passait seule par moment, ils étaient merveilleux, d'une humeur égale et surtout ils portaient dans ces campagnes retirées, un bol d'air de la petite ville, avec les nouvelles de partout où ils étaient allés, ils étaient aussi les passeurs d'infos.





La boucherie Ferrand, c'était quelque chose avec son café soudé au corps, Madame Ferrand, mère, une dame impressionnante, travaillait sa viande aussi bien que son fils travaille le bois aujourd'hui. Moi, enfant , j'étais très admirative, elle m'épatait, comme Madame Vidal, également maître dans son métier, et toutes les deux, on peut le dire, deux sacrées bouchères, ces dames aujourd'hui, mériteraient la médaille.

Je crois que peu de gens réalisent combien ce travail est difficile, ingrat, car cette viande, si bien présentait, que nous dégustons déjà dans nos têtes, à les regarder durant l'attente de notre tour, a été préparée longuement dans l'arrière boutique, où les petites mains s'affairent avec des couteaux affûtés sans fin, qui dénervent, découpent, parent, tranchent, ficellent, enfin vous rendent appétissants ces morceaux qui ne vous diraient rien….

Chez Madame Ferrand, nous rentrions sur le côté et nous nous trouvions face à une longue file d'attente, là bas, au bout s'affairait cette dame en noir, cheveux gris, relevés en chignon, lunettes d'écailles, qui faisaient ressortir son teint d'une grande pâleur. Elle était très active, ses gestes sûrs. Attendre, devenait tout comptes faits, presque un plaisir, elle parlait peu mais juste, ce qu'il fallait était dit….elle attirait. Quelle maîtrise!

Tout y était beau et bon.

Son fils, un jeune homme grand, timide, apparaissait de plus en plus souvent, il devait l'aider, et préparait peut être. Nous n'avions pas cette curiosité d'essayer de savoir, s'il allait prendre ou non la suite.

Maman, femme du Midi, sympathisait avec tout le monde, et essayait d'oublier cette différence sociale, si marquante dans cette petite ville où elle était venue se perdre un jour de ravitaillement durant la dernière guerre.

Elle avait donc, malgré nos tout petits moyens, pu approcher cette boucherie et sa propriétaire, et lui confier son souci.

Si bien que, depuis, tous les midis, lorsqu'il pleuvait trop, j'achetais pour mon petit frère et moi, deux délicieux petits pain, à la Boulangerie Lacombe ou Cluzel, attendions notre tour pour prendre à Madame Ferrand, une tranche de jambon d'York. Elle avait gentiment accepté, ensuite, que nous allions manger tout cela dans un coin de leur salle.




Nous nous mettions face à l'Eglise et la rue, et je préparais nos petits sandwichs, nous les mangions en regardant la vie au dehors au travers des baies de cette salle paisible, calme comme ses propriétaires, pourtant si efficaces,

Comment oublier ces moments au chaud, abrités et loin de toute cette eau qui tombait.

J'ai donc vu, là, progressivement ce fils prendre de l'assurance et rester près de sa mère, il n'était pas de trop, car le travail ne manquait pas j'en suis sûre et cette pauvre femme, a dû être bien soulagée.




Ensuite est apparue cette jolie jeune femme, qui respirait la douceur, un sourire fixé à tout jamais sur ce visage rayonnant, et je crois qu'à partir de là, il a dû y avoir encore plus de monde et pourtant le nombre ne manquait pas déjà. Mais ce duo était superbe à voir.

Madame Ferrand les a quitté pour un monde meilleur, elle manquait ensuite terriblement…mais le temps passe sur tout.

Je me souviens plus tard de leur jeune apprenti, extrêmement attentif, et gentil pour les clients.



Tout cela est déjà si loin, et pourtant tellement présent dans ma mémoire.
copainsdac

Les articles présentés dans ces archives couvrent 12 ans d'actualité naucelloise. C'est une contribution importante à la mémoire du village aveyronnais de Naucelle.Le contenu - textes et images - a été élaboré par André Bec et moi-même, avec un part prépondérante du premier cité depuis quelques années.

Le systéme dynamique de gestion de contenu, qui avait prévu l'archivage dés l'origine, a été imaginé et créé par mes soins, je l'ai programmé en languages PHP, CSS avec un peu de JavaScript.
Le logiciel a fonctionné sans failles notoires depuis 2005, mais il commençait à dater, notammentau niveau de la sécurité et une mise à jour était nécessaire. Les fonctions dynamiques ont donc été inertés et le contenu rendu accessible grâce à cette archive dont la valeur sera, je pense, de plus en plus apprécié au fil du temps qui passe.

Quant au nouveau naucelle.com,il bénéficie donc de la toute nouvelle version du Chant de l'Alouette (version 6) ,J'ai choisi ce nom car mon systéme est léger et nâtivement francophone. Deux choses assez rares.Cela me prend du temps, mais au moins, même si ce n'est pas le Pérou, j'ai la satisfaction de pouvoir proposer des sites sans dupliquer WordPress and Co

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